Le dernier chapitre pour basculer totalement le Togo dans la 5ème république avec en toile de fond le régime parlementaire vient d’être bouclé.
Seule maillon qui manquait à la chaine depuis ce matin après la désignation du Président du Conseil, le Président de la République vient d’être élu cet après-midi du 3 Mai 2025 par le congrès, composé de l’assemblée nationale et du sénat.
Seule candidature enregistrée au niveau du congrès pour le compte du parti majoritaire UNIR, Jean Lucien Savi de Tové vient donc d’être élu Président de la République Togolaise.
À 86 ans, cet homme politique dont les dernières apparitions politiques remontent à 2005-2007 succède ainsi à ce poste Faure Gnassingbé, désigné Président du conseil.
Le nouveau Président de la République n’est pas un illustre inconnu du grand public. Même si son visage n’est pas familier à la jeune génération, ceux qui sont de la génération des années 70, 80, 90 connaissent bien cette figure de la vie politique.
En réalité, qui est Jean-Lucien Sanvee de Tové ?
Né le 7 mai 1939 à Lomé, Jean-Lucien Savi de Tové fait partie des visages familiers de la scène politique togolaise depuis plus de quatre décennies. À la fois haut fonctionnaire, homme de dialogue, ministre, acteur de la société civile, et membre fondateur de la Convention des Peuples pour le Progrès (CPP), il s’est imposé comme une personnalité incontournable dans les grandes étapes de la vie nationale, souvent à la croisée des dynamiques partisanes et institutionnelles.
Un parcours académique et administratif solide
Titulaire d’un doctorat en sciences politiques, obtenu à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne, Jean-Lucien Savi de Tové s’est spécialisé en relations internationales et en administration publique. À son retour au Togo, il intègre les sphères de l’administration publique, où il se fait remarquer par son professionnalisme, sa rigueur et son souci du service public.
1979 : un emprisonnement marquant dans son parcours
En juillet 1979, dans un contexte politique tendu sous le régime du président Gnassingbé Eyadéma, il est arrêté et accusé de tentative de complot contre l’État. Jean-Lucien Savi de Tové est alors jugé aux côtés d’autres figures de l’opposition, dont Gilchrist Olympio. Reconnu coupable, il est condamné à dix ans de prison. Cette incarcération marque une étape décisive dans sa trajectoire personnelle et politique, renforçant son ancrage dans les milieux réformistes et démocratiques.
Ministre du Commerce dans la transition démocratique
Après sa libération et le vent de démocratisation des années 1990, Jean-Lucien Savi de Tové est appelé à occuper la fonction de ministre du Commerce, dans un contexte de transition institutionnelle.
Il y défend une vision équilibrée du développement économique, dans un pays encore fragilisé par les tensions politiques et les mutations économiques profondes.
Un acteur clé de la Conférence nationale souveraine
En 1991, il joue un rôle actif lors de la Conférence nationale souveraine, événement fondateur de la transition démocratique togolaise. À cette tribune, il incarne une ligne réformiste, prônant la nécessité d’une refondation de l’État, d’une réconciliation nationale réelle, et d’une reconstruction des institutions sur des bases démocratiques solides. Son intervention y est saluée pour sa lucidité et son équilibre, dans un climat de tension politique généralisée.
Fondateur de la CPP et militant du dialogue politique
En 1999, Jean-Lucien Savi de Tové est cofondateur de la Convergence Patriotique Panafricaine (CPP) aux côtés d’Edem Kodjo, et en devient le premier vice-président. La CPP s’inscrit dans la mouvance de l’opposition républicaine et modérée, prônant un engagement pacifique pour une alternance démocratique, tout en restant dans une logique de négociation politique.
Il prend part, à ce titre, à plusieurs initiatives nationales de dialogue, notamment au Cadre Permanent de Dialogue et de Concertation (CPDC) mis en place en 2009, puis au CPDC rénové, où il contribue activement aux discussions sur les réformes électorales, institutionnelles et constitutionnelles.
Entre neutralité partisane et influence morale
S’il s’est progressivement éloigné de la scène partisane active, Jean-Lucien Savi de Tové reste une figure d’influence, souvent consultée pour son expertise, sa mémoire des institutions et sa capacité à construire des passerelles entre les blocs antagonistes du paysage politique togolais. Il est souvent perçu comme un sage, une voix pondérée, capable de prendre de la hauteur sur les crises politiques et de formuler des recommandations sans chercher la confrontation.
Engagement dans la société civile et le sport
En parallèle de son parcours politique, il a exercé pendant plusieurs années les fonctions de Secrétaire général du Comité National Olympique du Togo (CNOT). À travers cette responsabilité, il s’est impliqué dans la diplomatie sportive et la promotion des valeurs éducatives et citoyennes du sport au Togo. Il a également soutenu plusieurs projets culturels à portée sociale.
Un homme d’État attaché à l’équilibre national
Aujourd’hui âgé de plus de 86 ans, Jean-Lucien Savi de Tové continue d’incarner une certaine idée de la République togolaise : celle du dialogue, de l’écoute, et de la recherche constante de stabilité dans la diversité. Homme d’État plus que politique de carrière, son parcours est celui d’un Togolais resté fidèle à ses principes de justice, de concertation et d’éthique publique.
Avec son élection comme Président de la République, c’est une nouvelle page qui s’ouvre pour notre pays.