L’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) traverse depuis un moment une crise interne majeure. Cette situation, déjà préoccupante, s’est aggravée récemment avec l’exclusion de sept membres qui ont délibérément choisi d’ignorer les directives du parti. Ces derniers, ramant à contre courant des décisions prises par le Bureau National, ont participé à des activités jugées contraires à la ligne politique de l’ANC.
Une fracture grandissante
Les tensions au sein de l’ANC ne datent pas d’hier, mais les récents événements semblent marquer un tournant décisif. Lors de sa réunion ordinaire du 20 janvier dernier, le Bureau National, dirigé par Jean-Pierre Fabre, a décidé d’exclure définitivement sept membres du parti. Ces militants sont accusés d’avoir manifesté leur désir de prendre part aux élections sénatoriales, en violation des consignes du parti.
Ces exclusions interviennent dans un contexte où le parti s’efforce de rester fidèle à ses principes tout en luttant contre des réformes politiques intervenues dans le pays.
L’ANC dénonce notamment la suppression de l’élection directe du président de la République et la nomination d’un tiers des membres du Sénat par l’exécutif, des mesures qu’elle qualifie de « forfaiture doublée de la pire imposture ».
Vers la fin de l’ANC ?
Ces événements soulèvent une question importante : assistons-nous à la fin de l’ANC en tant que force politique de l’opposition ? Le divorce clairement prononcé avec plusieurs membres influents pourrait affaiblir davantage un parti qui peine déjà à conserver son unité. La fracture interne s’amplifie, alimentant les spéculations sur l’avenir de cette formation politique longtemps perçue comme un pilier de l’opposition au Togo.
L’exclusion récente de Koamy Gomado, un ancien membre du parti nommé au gouvernement, illustre cette dynamique complexe. Cette nomination, interprétée par certains comme un rapprochement avec le pouvoir en place, a été perçue comme une trahison par les instances dirigeantes de l’ANC.
Pour Jean-Pierre Fabre, président de l’ANC, ces mesures visent à préserver l’intégrité du parti et à maintenir le cap face aux défis politiques actuels. Cependant, certains observateurs estiment que cette série d’exclusions pourrait affaiblir davantage la base militante et l’influence politique presqu’inexistante de l’ANC.
Le parti, qui a marqué les esprits par son rôle dans les luttes pour la démocratie, risque de se retrouver isolé s’il ne parvient pas à restaurer l’unité en son sein. Alors que le paysage politique togolais évolue rapidement, l’ANC doit faire face à une réalité : son avenir repose sur sa capacité à réconcilier ses membres et à redéfinir sa stratégie politique.
Une page qui se tourne ?
L’ANC, autrefois perçue comme une alternative crédible au régime en place, traverse une période critique. Si des mesures ne sont pas rapidement prises pour apaiser les tensions internes, le parti pourrait voir son influence s’effriter progressivement, laissant ainsi la place à d’autres formations politiques pour occuper le devant de la scène.
Le départ forcé de ces sept membres, loin de marquer la fin des défis pour l’ANC, pourrait être un signal d’alarme pour repenser sa gouvernance et ses priorités. La question demeure : le parti parviendra-t-il à se relever de cette crise ou s’achemine-t-il inexorablement vers les abimes de la politique togolaise?
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