Dans un monde agricole en constante évolution, les sociétés coopératives agricoles (SCA) togolaises adoptent des stratégies novatrices pour survivre et prospérer. Une récente étude, publiée dans le volume 5 du numéro 2 de la « Revue internationale du chercheur », met en lumière l’adoption de la coopétition, un mélange de coopération et de compétition parmi ces coopératives.
Cet article est l’œuvre de trois universitaires : Moïse Mafongoun, Léandre Gbaguidi et Désirée Bidoum. L’objectif est d’identifier les pratiques de management stratégique basées sur la coopétition entre agriculteurs au sein des SCA du Togo. Peu de recherches se sont penchées sur les facteurs poussant les entreprises de l’économie sociale et solidaire, particulièrement dans les pays en développement, à adopter de telles pratiques. Cette étude comble donc une lacune significative dans la littérature actuelle.
L’approche de recherche qualitative a permis aux 3 auteurs de l’étude de rencontrer 32 agriculteurs, issus de 13 SCA situés en région maritime au Togo. Les entretiens approfondis ont révélé des pratiques de coopétition articulées autour de trois thèmes principaux : la différenciation concurrentielle, la coopération pour l’apprentissage organisationnel, et l’innovation collective.
La coopétition, mélange subtil de concurrence et de coopération, s’impose comme une stratégie cruciale pour assurer la viabilité des Sociétés coopératives agricoles (SCA) au Togo. Cette approche se déploie sur deux axes complémentaires. D’une part, les membres de la coopérative s’engagent dans une compétition saine, cherchant à se distinguer par la qualité supérieure de leurs semences et produits. Cette dynamique de différenciation stimule l’innovation et favorise une amélioration continue au sein de la coopérative.
D’autre part, la coopération entre les membres se manifeste par un partage intensif des connaissances et compétences. Ce transfert mutuel de savoir-faire permet aux agriculteurs d’enrichir leurs pratiques sans alourdir les coûts de transaction, renforçant ainsi la résilience et la performance collective de la SCA.
Cette étude présente plusieurs intérêts majeurs. Sur le plan théorique, elle enrichit la littérature sur la coopétition dans le contexte des économies sociales et solidaires, particulièrement dans les pays en développement. Méthodologiquement, l’approche qualitative approfondie de cette recherche offre des insights détaillés et spécifiques, souvent absents des études quantitatives plus générales.
Et, d’un point de vue managérial, les résultats de cette étude fournissent un éclairage précieux sur les pratiques de coopétition adoptées par les SCA togolaises.